Extraits d'un entretien de Vikash Dhorasoo accordé au Monde :
"Matthieu : Vikash, est-ce que vous vous seriez reconnu dans cette équipe de France ?
Non. Mais je ne me reconnais pas quand il n'y a pas de mixité. Cette équipe représente la France des banlieues, la France des ghettos, des quartiers populaires qui sont devenus très durs. Je viens d'un milieu ouvrier, mon père travaillait ; Deschamps, Blanc aussi. Mais aujourd'hui, dans les quartiers populaires, le pouvoir a été abandonné aux caïds, et c'est ce qu'on retrouve en équipe de France. On voit un Gourcuff, un peu différent des autres, qui ne se reconnaît pas dans cette équipe. Cela me choque par exemple que l'équipe de France demande un buffet halal pour être reçue quelque part.
Bertrand : Quand vous portez le maillot bleu vous représentez la France. Je trouve dommage que vous comme d'autres essayez de trouver des excuses aux joueurs dans ce cas précis. Ils connaissaient la donne depuis le début, ils n'avaient alors qu'à refuser la sélection. Perdre ce n'est pas le problème.
En fait, c'est imposé, d'aller en sélection, on n'a pas le droit de refuser. Quand j'ai démarré ma carrière, on a tous ce rêve de jouer en Coupe du monde, mais je n'ai jamais songé le faire pour "représenter la France". Je suis français, fier de l'être. Etre français, pour moi, c'est manger français, parler français, aimer la littérature française, avoir des amis français. Les valeurs du drapeau, la Marseillaise, ça ne me parle pas énormément. Mon père est français depuis 50 ans, il ne parle pas français correctement, il a travaillé pour la France.
Matthieu : Vikash, n'avez-vous pas l'impression que l'équipe de France reflète la société actuelle, comme le disent aujourd'hui les politiques et surtout les philosophes ?
Elle représente les banlieues et les quartiers populaires. C'est aussi un endroit où l'argent coule à flots. L'individualisme, l'égoïsme y règnent, alors qu'on parle d'un sport collectif. Ça, c'est bien la société française. Ces gens ne s'intéressent pas aux problèmes des Français, ils sont dépolitisés. Ce désintérêt pour l'autre, la division qui règne dans l'équipe, ça représente ce qui se passe dans la société. Mais on ne peut pas leur jeter la pierre. Ce sont des gamins".
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