samedi 13 mars 2010

"Priez pour moi , frères dans l'Ordre de l'Episcopat..."

"Priez pour moi, pour que j’apprenne à aimer toujours plus son troupeau – vous tous, la Sainte Église, chacun de vous personnellement et vous tous ensemble. Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups. Priez les uns pour les autres, pour que le Seigneur nous porte et que nous apprenions à nous porter les uns les autres." (Benoît XVI, 24 avril 2005)


Il ne manquait que cela. Après avoir attaqué Benoît XVI sur son passé "hitlérien", après avoir dénoncé son incompréhension (voire son absence de compassion) à l'égard des personnes séropositives ou des femmes confrontées au drame de l'avortement, après l'avoir vilipendé au sujet des négociations avec la Fraternité Saint Pie X (et donc, forcément, démontré sa complaisance coupable par rapport aux thèses révisionnistes), après avoir ironisé sur la restauration de la liturgie et le retour de la Tradition, on aurait pu imaginer que le carquois médiatique était désormais vide, et que le chef de l'Eglise catholique, à l'instar des autres méchants de la planète, trouverait, non pas un retour en grâce auprès des journalistes-justiciers, mais tout du moins un peu de répit.


C'est donc la flèche la plus perfide, la plus insidieuse, la plus haineuse, qui a été gardée pour la fin: depuis quelques jours, en effet, la meute des loups affamés se déchaîne sur les affaires de pédophilie en Allemagne. On sera quand même surpris de voir que ceux qui ont été d'une indulgence si délicate à l'égard de nos ministres et hommes politiques ayant eu des actions condamnables sur des mineurs devenir soudain, par une étrange métamorphose, les hérauts et les défenseurs de l'ordre public et des bonnes mœurs. Fort heureusement, ces loups, d'une espèce très particulière, ont un régime unique: les autres religions n'ont donc absolument rien à craindre.

Cette métamorphose, sachons-le, n'est malheureusement pas due à une soudaine prise de conscience du mal objectif que constitue la pédophilie. La doctrine relativiste, qui dirige la pensée de nos "faiseurs d'opinion", leur permet tout simplement de dire que ce qui est excusable ailleurs est condamnable ici. Pourquoi? Parce qu'on l'a décidé, voilà tout. Parce que les principes que nous érigeons peuvent être modelés et adaptés selon les nécessités de la cause. A force de prêcher la tolérance, on a donc réussi à construire un nouveau totalitarisme, sans miradors et sans barbelés. La célèbre maxime de Saint-Just est donc plus que jamais d'actualité: "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté!" Benoît XVI, toujours en retard sur son époque selon eux, était le dernier gêneur qui empêchait le rouleau-compresseur idéologique d'avancer paisiblement. Il était donc nécessaire et même salutaire de l'anéantir, et sans le moindre état d'âme, puisque, dans cette lutte entre l'obscurantisme et le progrès, la fin semble toujours justifier les moyens.

C'est inévitablement ce qui arrive lorsque l'homme consomme à satiété le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Finalement, en essayant d'avoir un regard surnaturel sur ces bassesses sans nom, nous voyons bien que le péché originel est au cœur de toutes ces polémiques: il est présent à la fois dans les faits dénoncés (sans doute réels, il ne s'agit pas de le nier), mais aussi dans la répercussion des évènements et dans leur interprétation, ou même dans leur présentation. Ainsi, on ne nous fera pas croire que le fait de placer dans un titre de journal un mot aussi ignoble que "pédophile" juste à côté du mot "Pape" soit innocent… Le procédé est immonde, mais il a le mérite de faire vendre, en même temps que de convaincre un lectorat avide de scandales…

Toute personne bien informée sur le sujet sait pourtant que l'énorme majorité des pédophiles sont des hommes mariés; que l'hédonisme qui marque notre société (films, affiches, internet) et l'accès facile et immédiat à la pornographie sont grandement responsables des dérèglements qui sont déplorés ici ou là.

Nos élites intellectuelles feraient bien de regarder le problème en face: on ne peut à la fois favoriser directement ou indirectement la création de monstres et se plaindre en même temps de leurs agissements.

Offrons nos efforts de carême et nos sacrifices pour le Pape, pour l'Eglise et pour les prêtres! Et sachons trouver, à travers ces évènements terribles, une motivation supplémentaire pour vivre comme des saints, et pour combattre les ténèbres avec des armes de Lumière!"

Abbé Philippe Jouachim, FSSP.

Aucun commentaire: